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Rapport économique 2023 de la République Dominicaine

Contexte

La République Dominicaine (RD) a été l'un des pays d'Amérique latine et des Caraïbes ayant eu une des croissances économiques les plus fortes depuis 2010. En 2022, son PIB a augmenté de 5,1 % et a atteint 108,7 milliards de dollars américains, son plus haut niveau jamais enregistré, soutenu principalement par les secteurs de la construction (15,8 %), du commerce (11,2 %), manufacture (11 %) et d'hôtellerie (6,1 %).

L'économie dominicaine s'est presque entièrement remise du ralentissement dû à la pandémie, l'activité économique étant revenue aux niveaux antérieurs à la pandémie depuis plus d'un an maintenant. Mais cela a eu un coût élevé en raison des nombreuses subventions mises en place par le gouvernement de la RD pendant la pandémie. Les subventions et autres programmes gouvernementaux de 2020 à 2022 ont été principalement financés par des prêts provenant de sources externes et internes, faisant croitre la dette publique consolidée du pays de plus de 20 %, passant de 54,5 milliards de dollars américains en 2020 à 64,7 milliards de dollars américains en mars 2022 (58,6 % du PIB).

Pour 2023, la RD dispose du budget national le plus important jamais enregistré (environ 26,4 milliards de dollars américains), ce qui reflète la politique budgétaire déficitaire qui a été mise en place depuis le début du millénaire (à l'exception de 2007). Alors que le gouvernement estime a 10% les revenus supplémentaires en 2023 par rapport à 2022, les dépenses devraient également augmenter de 7,2 %. Le budget comprend 6,6 milliards de dollars américains de prêts pour exécuter et/ou finaliser des investissements publics hautement prioritaires (la ligne 2-C du métro, le barrage de Montegrande, le monorail de Santiago, les projets d'infrastructures hydrauliques, etc.).

Les subventions gouvernementales représenteront, une fois de plus, une charge importante, avec 1,2 milliard de dollars américains pour le système électrique et 351,4 millions de dollars américains pour subventionner les prix du carburant. Cette année étant préélectorale, il est prévu que les dépenses publiques augmentent considérablement et particulièrement au premier semestre 2024, pour faciliter la réélection du Président Abinader.

Les transferts de fonds familiaux, source clé de revenus pour l'économie, ont subi une baisse modérée en 2022 pour la première fois depuis plus d'une décennie, mais ont tout de même atteint la somme colossale de 9,85 milliards de dollars américains (10,5 % du PIB). Par ailleurs, les investissements directs étrangers (IDE) dans le pays ont augmenté de 25 % en 2022, atteignant 4,0 milliards de dollars américains. Les principaux secteurs bénéficiaires des IDE ont été le tourisme (1,1 milliard de dollars américains), l'énergie (753 millions de dollars américains), le commerce/l'industrie (599 millions de dollars américains) et l'immobilier (483 millions de dollars américains).

Données clé202020212022
PIB
(milliards USD)
78,894,2108,7
PIB par habitant
(USD à PPA)
17 08019 82621 995
Croissance réelle du PIB (%)-6,712,35,1
Inflation
(IPC %)
5,68,57,8
Taux de change
(USD – moyenne de fin de période)
58,3257,255,7
Taux de change
(CAD – moyenne de fin de période)
42,1645,442,1
Solde du compte courant (M$ US)-1 337-2 689-4 842
Solde budgétaire/PIB (%)-7,9-2,7-3,3
Réserves internationales (M$ US)10 84513 12413 324

Sources: Banque Centrale de la RD; EIU

Une année électorale se profile

En 2024, d'importantes dépenses sont attendues en raison d'un budget national important et de prêts internationaux supplémentaires. Cependant, comme on le voit souvent lors des années électorales, un déficit budgétaire considérable pourrait en résulter d'ici la fin de l'année. Pour réduire le risque de volatilité de la dette publique en devises, le gouvernement a racheté de la dette extérieure en émettant des obligations libellées en pesos.

Ainsi, le gouvernement se concentrera sur le financement de projets qui peuvent être achevés ou en voie de l'être, avant les élections de l'année prochaine, ce qui pourrait avoir un impact sur les projets en phase de démarrage.

Une réforme fiscale indispensable visant à élargir l'assiette fiscale afin de d'augmenter les recettes a été abandonnée en raison de défis politiques et du manque de soutien de la population en général. l'impopularité. Le taux directeur de la Banque centrale, qui a connu une forte augmentation, passant de 3 % en 2021 à 8,5 % en 2023, devrait rester stable en 2023, et pourrait potentiellement diminuer en 2024.

Malgré les défis économiques initiaux posés par la pandémie de COVID-19, l'administration Abinader a présenté un programme ambitieux de projets d'infrastructure et de développement, principalement financés par des prêts et dans le cadre de partenariats public-privé.

Ce programme est fortement axé sur l'eau, l'énergie, les transports et le tourisme. En septembre 2020, le président Abinader a rendu opérationnelle la Direction générale des partenariats public-privé (DGAPP), créée dans le cadre de la loi PPP approuvée plus tôt cette année-là. Le gouvernement prévoit de développer bon nombre des projets importants sous le format PPP par l'intermédiaire de la DGAPP.

Énergie : Sous l'administration Abinader, le secteur de l'énergie fait l'objet d'une réforme globale. Cette réforme implique la suppression de l'ancienne holding énergétique gouvernementale, CDEEE, et l'intégration de nombreuses agences gouvernementales sous la tutelle du ministère de l'Énergie et des Mines. La réforme vise à gagner en efficacité, à réduire les coûts et à accroître la transparence dans le secteur.

Le gouvernement continue de promouvoir les investissements privés dans les énergies renouvelables et la production de gaz naturel, suscitant l'intérêt d'entreprises basées au Canada, aux États-Unis, dans l'Union européenne, en Asie et des dizaines de projets sont en cours. Cependant, la capacité de transport d'énergie est presque atteinte, ce qui pose des défis aux nouveaux projets d'énergie renouvelable. En outre, le prix proposé par le gouvernement dans les nouveaux contrats d'achat d'électricité (CAE) est nettement inférieur au tarif actuel.

Eau : Depuis son entrée en fonction en août 2020, le président Abinader a donné la priorité aux questions liées à l'eau. En juin 2021, il a présenté au Conseil Économique et Social (CES) l'Engagement National pour la Loi sur l'Eau (2021 -2036).

Cet ambitieux programme de 15 ans, d'une valeur de 8,5 milliards de dollars américains, porterait sur l'approvisionnement en eau, le traitement de l'eau et la protection des ressources. Il comprend la construction de 17 barrages, dont 8 sont prévus pour la période en cours (2020-2024). Cependant, ce programme nécessite encore différents niveaux d'approbation. Les entreprises canadiennes intéressées par des projets liés à l'eau en RD devraient continuer de suivre l'évolution de la situation.

Investissements directs étrangers et commerce

La RD a reçu 4,0 milliards de dollars américains d'investissements étrangers en 2022, selon la Banque centrale dominicaine, ce qui représente une augmentation de 25 % par rapport au montant reçu en 2019.

Les statistiques de la Banque Centrale dominicaine pour la période 2010-2022 montrent que le Canada est le deuxième investisseur étranger de tous les temps dans le pays, avec des investissements cumulatifs totaux de plus de 6 milliards de dollars américains, suivant de près les États-Unis. Les investissements canadiens sont concentrés dans les secteurs minier, des services financiers, de la manufacture, du tourisme, des énergies renouvelables et de l'agriculture.

Malgré les progrès réalisés au cours des années précédentes, la RD reste un marché difficile pour les nouveaux investisseurs étrangers. Les retards excessifs dus aux formalités administratives et au degré élevé de discrétion bureaucratique sont des facteurs qui doivent être soigneusement examinés par les investisseurs.

La législation commerciale a progressé en République Dominicaine, avec des améliorations significatives en matière de fiscalité, de travail, de procédures douanières et de contrôle bancaire, entre autres. Toutefois, des améliorations restent à venir dans l'application systématique de l'État de droit et la réduction du pouvoir discrétionnaire appliqué aux décisions affectant les entreprises privées.

Il est recommandé aux entreprises canadiennes souhaitant pénétrer le marché de la République Dominicaine de consulter un conseiller juridique avant de conclure un accord formel avec un homologue local, qu'il soit privé ou public.

La RD a exporté pour 13,8 milliards de dollars américains de marchandises en 2022, contre 12,5 milliards de dollars américains en 2021. Les exportations d'or de Barrick Gold ont atteint 1,3 milliard de dollars américains en 2022, conservant ainsi son statut d'exportation clé. Les importations de la RD ont également augmenté en 2022 (26 %), terminant l'année à 30,7 milliards de dollars américains.

Principales exportations canadiennes vers la RD : Le Canada a exporté pour 355,8 millions de dollars canadiens de marchandises vers la RD en 2022, soit une augmentation de 24 % par rapport à 2021. Les principales exportations du Canada étaient : le blé, le hareng fumé, les pièces de machines et le papier. En ce qui concerne les services, le Canada est fortement présent dans le secteur financier, ainsi que dans le tourisme et les services de conseil.

Principales importations canadiennes en provenance de la RD : Les importations canadiennes en provenance de la République dominicaine s'élevaient à 334,6 millions de dollars canadiens en 2022. Les principales importations étaient les fournitures médicales, les composants électriques et électroniques et les produits dérivés du tabac.

Accords commerciaux et activité commerciale du Canada avec la République Dominicaine

Adhésion à des accords commerciaux et autres accords multilatéraux

La RD est signataire du DR-CAFTA, l'accord de libre-échange (ALE) entre les États-Unis, 4 pays d'Amérique centrale et la République Dominicaine, en vigueur depuis 12 ans. La République Dominicaine a également conclu un accord de partenariat économique (APE) avec l'UE depuis 2008. Le Canada n'a pas d'ALE avec la RD, ce qui crée des problèmes de compétitivité pour les exportateurs canadiens soumis à des tarifs douaniers élevés dans certains domaines.

La République Dominicaine est membre de nombreuses institutions multilatérales, notamment : l'OMC, l'OMD, l'AEC, la CEPALC, le G-77, la BID, le FMI, l'OEA, l'ONU et le Marché Commun Centraméricain, entre autres. En outre, la RD a conclu des accords aériens bilatéraux avec plus de 70 pays à travers le monde.

Le 30 avril 2018, la RD a annoncé l'établissement de relations diplomatiques avec la Chine, tout en rompant une relation de longue date et très coopérative avec Taiwan. Cette annonce a eu un impact limité sur le commerce bilatéral entre les deux pays.

La Chine est la deuxième source d'importations de la RD, mais les exportations dominicaines vers la Chine sont limitées. À la suite de cette annonce, la RD et la Chine ont signé plusieurs accords bilatéraux non contraignants, mais leur continuité a été limitée en raison du changement de gouvernement en 2020.

Le tourisme canadien en RD a augmenté régulièrement jusqu'en 2019, atteignant 892 000 touristes canadiens, puis est tombé à 337 000 en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19. Dans l'ensemble, le tourisme génère une grande quantité d'activité économique en RD et les investissements canadiens dans le secteur du tourisme ont également augmenté.

Sources : Ambassade du Canada en République Dominicaine, EIU, Strategis, Statistique Canada, Banque Centrale dominicaine

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