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Le développement d'un médicament canadien financé au moyen de capital de risque

Grâce à un financement obtenu notamment auprès d’un investisseur espagnol à la suite de l’intervention du Service de délégués commerciaux du Canada (SDC), la société canadienne Edesa Biotech Inc. a franchi un pas de plus vers la mise au point d’un nouveau médicament pour soigner certaines maladies de la peau et du système digestif.

La commercialisation d’un nouveau médicament est un processus à la fois long, complexe et coûteux. Edesa Biotech Inc. est une société pharmaceutique en pleine croissance située à Markham, en Ontario, mais elle a déjà connu un certain succès international avec la mise au point d’un nouveau médicament pour soigner des maladies de la peau et du système digestif.

En septembre 2017, la société a annoncé qu’elle avait conclu sa première grande étape de financement avec un consortium qui comprend une des plus grandes entreprises de gestion de capital de risque d’Espagne. Le financement de série A de 7 millions de dollars, qui n’aurait pas été possible sans l’aide du SDC, permettra à la société établie depuis deux ans de procéder à la phase 2b des essais cliniques de la molécule sous licence pour le traitement de la dermatite de contact allergique. Le financement contribuera aussi aux études de validation de concept visant à démontrer l’efficacité du produit pour le traitement des hémorroïdes et des fissures anales.

« Il ne fait aucun doute que ce médicament a la capacité d’améliorer la qualité de vie des patients », déclare Dr Par Nijhawan, gastroentérologue et président-directeur général et fondateur d’Edesa Biotech Inc., une société privée de recherche clinique. Il souligne que le grand atout du médicament est l’absence de stéroïde; il est du coup mieux toléré par les patients et peut être utilisé plus longtemps que d’autres médicaments. « Le financement nous permettra de poursuivre la mise au point d’une série de nouveaux traitements qui pourront avoir des effets positifs considérables sur les patients dans un futur relativement proche », ajoute-t-il.

Dr Par Nijhawan
Dr Par Nijhawan
(Photo : courtoisie d’Edesa Biotech Inc.)

Dr Nijhawan, entrepreneur d’expérience dont la société compte cinq employés, signale que le secteur pharmaceutique n’a mis au point aucun traitement efficace au cours des trois ou quatre dernières décennies en ce qui a trait à la dermatite de contact ou aux troubles dermatologiques anorectaux, qui sont pourtant des maladies très répandues et souvent récurrentes. La nouvelle molécule mise à l’essai vise à bloquer la « cascade inflammatoire » de ce type de maladies. La société Edesa a achevé les essais de phase 2a de ce médicament pour le traitement de la dermatite de contact.

Dirigé par Lumira Capital, une société de gestion de capital de risque spécialisée dans le secteur des soins de santé et basée à Toronto, le consortium regroupe plusieurs investisseurs, dont Inveready Technology Investment Group, de Barcelone, Pharmascience Inc., de Montréal, une autre soci&eacute  patrimoine.

Au cours de la dernière année, Peter van der Velden, gestionnaire principal à Lumira Capital, a commencé à former un consortium en vue de la poursuite des essais cliniques et de la commercialisation du médicament par Edesa.

Le dénominateur commun entre Dr Nijhawan et M. van der Velden qui a mené à la participation d’Inveready au financement, c’est Aurora Polo. Déléguée commerciale à Barcelone et responsable des secteurs des sciences de la vie et de la santé pour l’Espagne, Mme Polo aide des sociétés et organismes canadiens à naviguer dans les marchés commerciaux, scientifiques et technologiques de l’Espagne et à y repérer de possibles investisseurs intéressés par le marché du Canada.

Avec l’appui du programme Visée mondiale en innovation du SDC, Dr Nijhawan s’est tourné progressivement vers les investisseurs internationaux pour financer la mise au point de son médicament. Le Programme fournit aux innovateurs canadiens un financement allant jusqu’à 75 000 $ pour les aider à conclure des ententes en vue de la commercialisation de produits technologiques dans les marchés étrangers. Les fonds peuvent être utilisés pour payer toute sorte de dépenses liées à la participation à des réunions ciblées avec des collaborateurs étrangers.

Des occasions abondantes pour le secteur des sciences de la vie en Espagne

Récemment, un consortium a financé le projet d’une jeune société pharmaceutique de l’Ontario, ce qui a marqué le tout premier investissement d’une société espagnole de gestion de capital de risque dans le secteur des sciences de la vie au Canada et a ouvert la porte à d’autres investissements dans ce secteur où les occasions ne manquent pas.

Installée à Markham, en Ontario, la jeune société pharmaceutique Edesa Biotech Inc. a obtenu un financement de 7 millions de dollars auprès d’un consortium dirigé par Lumira Capital, de Toronto, Inveready Technology Investment Group, de Barcelone, et Pharmascience Inc., de Montréal. Il s’agit du tout premier investissement en son genre d’une société espagnole de gestion de capital de risque.

Selon Aurora Polo, déléguée commerciale pour le Service des délégués commerciaux (SDC) à Barcelone, il est crucial de favoriser les contacts entre les entreprises espagnoles et canadiennes de gestion de capital de risque spécialisées dans ce secteur et elle se réjouit d’avoir pu mettre en contact les deux entreprises.

L’Espagne figure parmi les cinq principaux marchés pharmaceutiques et d’appareils médicaux d’Europe et le pays se classe parmi les dix premiers marchés dans le monde, affirme Mme Polo, qui est responsable notamment des secteurs des sciences de la vie et de la santé pour l’Espagne. « La grande majorité des entreprises espagnoles sont présentes sur la scène internationale et sont très ouvertes à des partenariats et à des collaborations internationales », précise-t-elle.

Grâce au nouvel Accord économique et commercial global conclu entre le Canada et l’Union européenne, Mme Polo estime qu’il y aura certainement de plus en plus d’occasions de collaboration dans les secteurs du commerce, des sciences et de la technologie, tout comme il y aura davantage de possibilités d’investissement. Elle est d’avis que : « L’accord devrait créer toute une nouvelle gamme d’occasions d’investissement entre les sociétés canadiennes et espagnoles qui sont actives dans ces secteurs. »

Selon elle, les sociétés canadiennes de ce secteur devraient envisager d’explorer le marché espagnol pour trouver des clients, des distributeurs et des partenaires éventuels, avec l’aide du SDC : « En prenant contact avec nous, les sociétés mettent toutes les chances de leur côté afin d’obtenir le soutien nécessaire. Nous sommes là pour les aider à pénétrer le marché, et ce, dès qu’elles manifestent un intérêt pour l’Espagne. »

Mme Polo recommande aux organismes, aux sociétés et aux instituts du secteur des sciences de la vie du Canada qui ont un intérêt pour l’Espagne de s’y rendre et de songer à participer aux principaux événements qui y auront bientôt lieu.

Parmi ceux-ci, mentionnons Biospain 2018, à Séville, en septembre 2018, et CPhI Worldwide, à Madrid, en octobre 2018.

« Le Programme contribue à alléger le fardeau financier lié à la mise au point à l’étranger. Il finance les déplacements à l’étranger, mais il faut quand même s’y rendre et montrer qu’on a les moyens de ce que l’on avance... Ça vaut vraiment la peine. », a déclaré Dr Nijhawan, qui s’est servi des fonds du Programme pour assister à d’importantes conférences internationales qui attirent les personnes influentes des secteurs pharmaceutique, de la biotechnologie et des finances. Il a entre autres assisté à BIO International Convention, à San Francisco en juin 2016, et à BIO-Europe Spring, à Barcelone en mars 2017.

Pendant ce temps, Mme Polo a invité M. van der Velden en Espagne à l’automne 2016 afin de discuter d’innovation canadienne, de soins de santé et d’occasions en matière de capital de risque. Lumira Capital figure parmi les plus grandes et dynamiques sociétés de gestion de capital de risque dans le secteur des soins de santé du Canada. En outre, M. van der Velden a déjà occupé le poste de président de la Canadian Venture Capital and Private Equity Association.

Dans le cadre d’une série de rencontres organisées par Mme Polo en Espagne, M. van der Velden a rencontré des représentants d’Inveready, y compris Sara Secall, directrice des placements. Inveready a alors manifesté un intérêt à investir au Canada. Neuf mois plus tard, après que Lumira Capital eut présenté à Edesa une lettre d’intention d’investissement, les deux sociétés ont commencé à discuter de la possible participation d’Inveready au financement. Par l’entremise de Mme Polo, des réunions ont aussi eu lieu entre Edesa et Inveready. En effet, lorsque les représentants d’Inveready ont indiqué être à la recherche d’investissement de série A lors de l’événement BIO-Europe Spring tenu à Barcelone, Mme Polo a inclus cette société à la liste des possibles participants espagnols à un consortium. Par la suite, Mme Polo a établi un contact virtuel entre les sociétés qui ont entamé des discussions.

De l’avis de Mme Secall, tout le mérite de la participation d’Inveready au consortium revient à Mme Polo : « En Espagne, elle accomplit ses fonctions avec beaucoup de dynamisme et établit des contacts avec une variété de joueurs du secteur de la biotechnologie. » Elle souligne que le financement de série A est une exception pour Inveready, qui a plutôt tendance à faire des investissements en Espagne dans la recherche de stade précoce axée sur les secteurs des sciences de la vie et des technologies de l’information et des communications.

« Nous restons tout de même ouverts à de bonnes occasions qui permettent à nos investisseurs de s’enrichir. Si cette occasion s’était offerte à nous en Espagne, nous l’aurions certainement saisie », ajoute-t-elle, précisant que les références et la feuille de route de Lumira Capital ont influencé la décision d’investissement d’Inveready dans Edesa. « Nous estimions que nous pouvions aider cette société à avoir du succès. Cette occasion présente non seulement une perspective de gains élevés pour nos investisseurs et nous-mêmes, mais le produit et ce qui en découlera pourront aussi bénéficier à un grand nombre de patients. Cette occasion est d’autant plus satisfaisante si elle nous permet de soulager des patients. »

Mme Secall explique qu’Inveready, qui a jusqu’à maintenant investi dans environ 25 sociétés des secteurs de la biotechnologie et des soins de santé, croit que les institutions de recherche du Canada développent de bons produits et qu’ils bénéficient du soutien essentiel des nombreux programmes du gouvernement : « Ça ne nous étonne pas que le Canada ait d’aussi bonnes sociétés qui offrent d’aussi bonnes occasions d’investissement pour les entreprises comme la nôtre. »

Elle ajoute que le coût de la commercialisation des produits pharmaceutiques est colossal, si bien que les sociétés se tournent naturellement vers les investisseurs du monde entier : « Nous nous réjouissons que le consortium soit si diversifié. »

Pour M. van der Velden de Lumira Capital, l’invitation de Mme Polo en Espagne a vraiment joué un rôle essentiel dans les contacts et les relations qu’il entretient désormais avec ce pays : « Être en mesure de transformer cela en possibilité de financement pour les sociétés canadiennes a, selon nous, une très grande valeur. Je trouve ça fantastique. »

Puisqu’il s’agit du premier investissement d’Inveready au Canada, la mise en contact d’Inveready avec Edesa et Lumira Capital par l’entremise de Mme Polo a vraiment donné un coup de pouce et a permis à Inveready de bien comprendre l’occasion qui s’offrait à elle. « Quand des investisseurs se tournent vers un pays comme le Canada, ils veulent pouvoir compter sur des joueurs locaux, explique M. van der Velden. Pour les sociétés canadiennes, il est absolument, fondamentalement essentiel de se faire connaître et d’avoir un soutien à l’extérieur du Canada. Nous voulons jumeler les meilleurs investisseurs aux meilleures sociétés canadiennes. »

De l’avis de M. van der Velden, la contribution du SDC rassure les investisseurs étrangers comme Inveready : « Le fait que le gouvernement du Canada nous juge crédibles est un atout. Ça leur donne confiance en notre solidité à titre de partenaire dans le marché mondial. »

Il signale que la participation d’investisseurs étrangers dans les consortiums présente de grands avantages, allant de la diversification du risque à l’augmentation des capacités pour les prochaines étapes de financement, en passant par la mise à contribution d’« un nombre accru de personnes douées qui ont des points de vue variés sur le marché ». Cela améliore aussi l’accès à de possibles partenaires, acheteurs ou leaders d’opinion de premier plan qui connaissent l’entreprise et ses produits.

« La clé consiste à avoir un portefeuille diversifié, à s’exposer à de nouvelles idées, à innover davantage et à créer plus de contacts, renchérit M. van der Velden. Il s’agit de bâtir des liens de confiance entre les coinvestisseurs, puis de trouver d’autres occasions à saisir avec eux. »

Selon lui, les meilleurs investisseurs ont tendance à se tourner vers les marchés étrangers, et la participation d’Inveready à un consortium canadien pourra l’inciter à faire d’autres investissements au Canada. Par exemple, Inveready siège au conseil d’administration d’Edesa, ce qui signifie que ses dirigeants viennent au Canada pour assister aux réunions et que, si l’expérience est positive, ils pourraient approcher d’autres sociétés dans lesquelles investir.

Au lancement de l’étape de financement, Dr Nijhawan ne connaissait pas Inveready, si bien que la mise en contact par Mme Polo a été vraiment rentable. Les délégués commerciaux du Canada qui travaillent dans le monde entier ont selon lui une très grande utilité en raison de leurs connaissances des marchés locaux : « Ils nous aident à établir des contacts. »

Obtenir un financement en Europe, « c’est tout un défi, notamment pour les étrangers » poursuit-il. Du coup, il est important pour les investisseurs éventuels de connaître et de comprendre le secteur visé.

Selon Dr Nijhawan, les principaux enjeux du secteur sont le développement scientifique et les énormes investissements en temps requis pour la recherche pharmaceutique. Il conseille aux dirigeants d’autres entreprises de croire en leur produit, d’être persévérants et de demeurer optimistes : « Beaucoup de gens jettent l’éponge après le premier rejet. Il faut faire l’effort d’aller rencontrer des personnes. Certaines rencontres ne mènent à rien, alors que d’autres sont très rentables. »

Grâce au financement de série A de 7 millions de dollars, Edesa pourra poursuivre ses recherches sur la mise au point de son médicament pendant environ deux ans et demi. Dr Nijhawan espère qu’il pourra ensuite obtenir d’autres investissements étrangers pour la phase 3 des essais du traitement pour la dermatite de contact, laquelle phase est encore plus coûteuse et complexe que les précédentes. « Ça nous aide beaucoup d’avoir un groupe aussi diversifié de personnes qui appuient Edesa, conclut-il. Tout ce parcours a été passionnant pour nous et nous sommes très enthousiastes par rapport à nos recherches. »

Ce récit qui nous vient de Barcelone, en Espagne, témoigne de la contribution des délégués commerciaux du Canada, affectés dans plus de 160 villes du monde entier, à la réussite de sociétés canadiennes. Lisez d’autres récits dans la section Visages du Service des délégués commerciaux.

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