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Vous avez dit des voitures volantes?

Une entente entre une entreprise québécoise de l’aérospatiale et son partenaire israélien pourrait transformer le concept futuriste des voitures volantes en réalité.

Une mission commerciale visant à faire connaître les entreprises et les chercheurs québécois de l’aérospatiale, de l’intelligence artificielle et d’autres domaines sur le marché de la technologie de pointe d’Israël a mené à un prompt succès pour Cert Center Canada, une entreprise indépendante d’essais en vol, d’approbation de conception et de certification de navigabilité de Saint‑Bruno, au Québec. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a dirigé la mission commerciale de mai 2017, organisée en collaboration avec le Service des délégués commerciaux du Canada (SDC) à Tel‑Aviv. L’accord est prometteur pour les Canadiens et pourrait faire de notre pays un centre d’expertise en matière d’aéronefs commerciaux à décollage et atterrissage verticaux (ADAV).

« Il s’agit d’une occasion incroyable pour nous », affirme M. John Maris, fondateur et président de Cert Center Canada, connu sous le nom de 3C. L’entreprise a signé un accord de partenariat lors de la mission commerciale de 2017 avec Urban Aeronautics Ltd (UrbanAero) d’Israël afin que cette dernière l’aide à concevoir son ADAV appelé Fancraft, qui pourrait servir de « taxi aérien » dans les villes et être utilisé pour des évacuations médicales dans les régions éloignées.

John Maris
M. John Maris
(Photo : Jacques Frenette)

« Nous parlons la même langue », mentionne M. Maris, ancien pilote et pilote d’essai des Forces armées canadiennes, qui est également président de Marinvent Corporation, une société sœur de 3C qui se spécialise dans le domaine de la propriété intellectuelle et de la recherche et développement. « L’impressionnante équipe d’ingénieurs expérimentés d’UrbanAero a conçu une famille révolutionnaire d’aéronefs aux capacités avant‑gardistes, mais ils l’ont fait en comprenant bien ce qu’il faut pour respecter les rigoureuses normes de sécurité de l’aviation commerciale. C’est là où nous entrons en scène. »

M. Maris a participé à plusieurs innovations. Il a notamment dirigé l’équipe qui a conçu les postes de travail qui contrôlent le bras robotique déployé dans la Station spatiale internationale et élaboré des processus de certification d’essais en vol. Dans le cadre de ce partenariat, 3C effectuera des essais de navigabilité avec le Fancraft. L’objectif est de le faire certifier pour usage civil par Transports Canada, ce qui, en vertu d’accords bilatéraux, mènerait à la certification de la Federal Aviation Administration (FAA) et de l’Agence européenne de la sécurité aérienne.

M. Maris révèle qu’UrbanAero « compte sur un produit absolument unique » et que son véhicule aérien à moteur peut déjà voler, mais qu’il requiert le type de certification opérationnelle, de fabrication et de navigabilité dans lequel 3C se spécialise.

M. Rafi Yoeli, président et chef de la direction d’UrbanAero, affirme que son entreprise est « extrêmement heureuse de travailler en partenariat avec M. Maris et de bénéficier de son extraordinaire expérience » dans l’industrie aérospatiale. « Ce n’est pas souvent que l’on rencontre quelqu’un qui possède de l’expérience en tant que pilote d’essai, gestionnaire de programme, chercheur universitaire et entrepreneur en aérospatiale, en plus d’être un représentant extrêmement chevronné en matière d’approbation de conception par des organismes de réglementation... Nous ne pourrions pas être en de meilleures mains. »

Le programme de la mission commerciale pour la délégation de plus de 100 participants canadiens des domaines des affaires, de la technologie et de la recherche s’échelonnait sur cinq jours. Il comprenait des visites d’entreprises, d’incubateurs et d’universités ainsi que des rencontres avec des investisseurs en capital de risque et des chefs de file de l’innovation à Jérusalem, à Tel‑Aviv et à Haïfa, précise Mme Jessica Nachlas, déléguée commerciale à Tel‑Aviv. Le mandat de Mme Nachlas couvre les secteurs de l’aérospatiale, de la défense, de l’espace, du transport et des technologies de l’information et des communications (TIC).

La visite d’UrbanAero par la délégation a permis d’établir une « connexion instantanée » avec 3C. Deux jours plus tard, les entreprises signaient un protocole d’entente et publiaient un communiqué de presse. « Nous sommes allés droit au but », explique M. Maris, d’autant plus que les deux entreprises ont une solide expérience dans le domaine des véhicules « avant‑gardistes ».

Mme Nachlas soutient que 3C est « un excellent exemple d’entreprise canadienne exceptionnelle dotée d’une grande expertise en matière d’innovation et de réglementation dans le domaine de l’aérospatiale ». Le SDC a participé à l’organisation du programme de la mission commerciale du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec. Mme Nachlas a également organisé des programmes distincts, qui comprenaient des visites de laboratoires de recherche et des discussions en groupe pour les délégués des TIC et de l’aérospatiale.

Le marché israélien est relativement petit, note‑t‑elle, avec une population de tout juste 8,6 millions d’habitants. Par conséquent, plus de 80 % des entreprises exportent leurs produits. « Le potentiel commercial d’Israël réside principalement dans l’exploitation de sa force en tant que plaque tournante mondiale de l’innovation et centre de recherche et de développement, ainsi que dans les possibilités de collaboration avec des entreprises israéliennes établies dans des pays tiers », explique Mme Nachlas.

Quelque 350 entreprises multinationales sont présentes en Israël, qui est doté d’un écosystème d’innovation très performant et d’envergure mondiale. Le pays est également une plaque tournante florissante du capital de risque, en plus de constituer une destination prioritaire pour l’innovation, explique Mme Nachlas. « Les entreprises canadiennes peuvent profiter de ce fait en s’associant avec des entreprises israéliennes pour faire affaire et pour collaborer dans le cadre de projets d’innovation dans des secteurs comme l’aérospatiale, les TIC, les sciences de la vie, les technologies propres et les techniques agricoles. »

En ce qui concerne la technologie des voitures volantes, le fait de régler les multiples difficultés techniques « ne représente qu’un début », avance M. Maris. Ce dernier est également professeur de facteurs humains, une discipline qui étudie l’interaction entre les machines et leurs opérateurs humains.

Le plus grand problème consiste à affiner les systèmes, les procédures et l’environnement réglementaire qui devront être en place pour que des centaines d’ADAV puissent « sillonner la ville de part et d’autre », précise‑t‑il. « Nous ne disposons pas encore de ces mécanismes... Je considère ce problème beaucoup plus difficile à résoudre que de surmonter les difficultés techniques. »

La collaboration entre 3C et UrbanAero a d’autres implications pour le Canada, qui pourrait mettre au point des capacités de fabrication, concevoir des outils liés à la technologie des ADAV et former du personnel, croit M. Maris. « Il s’agit d’un nouveau produit pour lequel il y aura une forte demande. »

La technologie aurait « d’énormes avantages pour le Canada », souligne M. Maris, car elle combine les avantages d’un avion, d’un hélicoptère, d’un aéroglisseur et même d’un canot. Une telle « voiture volante » pourrait accéder à des endroits délicats comme les zones inondables et les espaces entourés d’arbres denses ou près de fils électriques dénudés qui limitent grandement les opérations en hélicoptère. Les applications potentielles comprennent entre autres l’évacuation médicale, la recherche et le sauvetage, les opérations policières, l’inspection des lignes électriques, la surveillance de la souveraineté et les patrouilles maritimes. Les véhicules pourraient fournir un service de grande valeur dans l’Arctique, ainsi que pour les secteurs des mines et des ressources.

M. Yoeli croit que sa compagnie et 3C ont une compréhension commune du fait que, même si les conceptions innovantes d’aéronefs peuvent offrir des capacités exceptionnelles, elles doivent satisfaire, voire surpasser, les critères de sécurité et de certification qui s’appliquent aux aéronefs conventionnels. « Dans le domaine de l’aérospatiale, la clé d’une innovation révolutionnaire et réussie consiste à pouvoir faire le saut technologique sans abandonner la sagesse accumulée en 100 ans de conception aérospatiale », précise‑t‑il. « Il n’y a pas de raccourcis à prendre. On peut toujours atteindre les étoiles, mais il faut tout de même garder les pieds fermement ancrés au sol. »

Le Fancraft est mis au point « selon les normes existantes de la FAA qui sont très complexes, très détaillées et très professionnelles », soutient M. Yoeli. Elles couvrent la conception et la construction de ces aéronefs, ainsi que leur exploitation. La clé pour rendre les petits ADAV viables est de s’assurer de leur rentabilité, ce qui signifie que le revenu généré par leur utilisation doit être supérieur à leur coût d’exploitation.

« Nous avons la chance de pouvoir compter sur le principal artisan de cette technologie au Canada et de travailler avec lui sur ce dossier, se réjouit M. Yoeli. Nous nous attendons donc à un partenariat fructueux. »

Pour ce qui est des activités commerciales de 3C à l’étranger, M. Maris explique que « tout ce que nous faisons est réalisé en partenariat », ce qui comble les lacunes dans les mandats des grandes entreprises et réduit les risques. Les partenaires sont importants malgré le fait que 3C compte un bassin de main‑d’œuvre talentueuse, possède une myriade de brevets et a remporté tous les grands prix des compétitions dans le domaine de l’aérospatiale auxquelles l’entreprise a participé, s’enorgueillit‑il. «  La taille compte; sans cela, il est difficile de percer de nouveaux marchés et d’entreprendre de grands projets d’immobilisations. »

M. Maris fait remarquer que l’un des risques d’être petit est la nécessité d'être en mode multitâche; le SDC apporte alors son soutien en faisant la promotion des entreprises dans les marchés étrangers. « C’est très, très important. Les délégués commerciaux nous aident en arborant notre drapeau. »

M. Yoeli note que les entreprises et les chercheurs en Israël et au Canada ont de « très bonnes relations » et qu’il existe des liens étroits entre les deux pays. Grâce à de grandes entreprises du secteur comme Bell Helicopter, « le Canada est un bon endroit où faire des affaires ». Et M. Yoeli est reconnaissant envers le SDC d’avoir encouragé sa société à collaborer avec 3C. « Ça ne serait pas arrivé sans son apport. »

M. Maris affirme que 3C est un « ardent promoteur » du SDC. « Les incursions sur des marchés vierges nous seraient impossibles sans le soutien des délégués commerciaux, qu’ils nous accordent avec enthousiasme et en connaissance de cause. »

Par exemple, selon lui, Mme Nachlas « a accompli un travail formidable » en accompagnant 3C lors de la mission israélienne avec le premier ministre Couillard. « Tout a été organisé pour nous », y compris les présentations qui ont mené aux réunions que 3C a tenues avec UrbanAero et Elbit Systems Ltd, une société internationale d’électronique de défense basée en Israël. « Nous avons maintenant des relations formelles avec ces deux societies. »

M. Maris, qui est aussi l’ancien président de l’Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC) — le principal groupe de défense des droits de l’industrie au Canada — déclare avoir également trouvé l’apport du SDC « inestimable » lors des missions de l’AIAC qu’il a dirigées à l’occasion de salons aéronautiques partout dans le monde. « Sans la participation des délégués commerciaux, nous ne serions pas présents dans plusieurs de nos principaux marchés émergents », affirme‑t‑il.

Le SDC est « une grande source de renseignements, de réseautage et de conseils », affirme M. Maris, en précisant que son entreprise obtient des « services personnalisés ». « Nous sommes en contact régulier avec plusieurs délégués commerciaux qui nous fournissent constamment des pistes et des contacts utiles. »

M. Jean‑Pierre Hamel, le délégué commercial principal du SDC à Tel‑Aviv, ajoute que le partenariat 3C‑UrbanAero « met en lumière la collaboration canado‑israélienne » et devrait ouvrir la voie à de nouvelles possibilités pour les entreprises canadiennes, y compris des allocations de travail partagé pour l’acquisition et la production de composants et de systèmes en collaboration avec des partenaires israéliens.

« Nous attendons impatiemment de prendre connaissance des commentaires d’autres entreprises canadiennes et de celles qui mettent au point des technologies novatrices afin de pouvoir les aider à conclure des partenariats en Israël et à étendre leur présence dans le monde », déclare M. Hamel.

Ce récit qui nous vient de Tel‑Aviv, en Israël, est un exemple de la façon dont les délégués commerciaux présents dans plus de 160 villes du monde entier aident les entreprises canadiennes à réussir.

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