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La technologie minière intelligente se taille une place sur les marchés mondiaux

Par Derek Raymaker

L’industrie minière canadienne se montre très prudente en ce qui a trait aux nouvelles technologies et la plupart des sociétés tardent à les adopter. Une entreprise de Vancouver, en Colombie‑Britannique, a cependant eu la chance de voir ses partenaires mondiaux accepter de s’aventurer dans le secteur de l’intelligence artificielle.

« Motion Metrics International exploite l’intelligence artificielle (IA) pour remplacer la machinerie et les algorithmes qui mesurent actuellement la production et l’efficacité des mines, ainsi que pour faire un suivi en matière de santé et de sécurité », déclare Shahram Tafazoli, président‑directeur général de l’entreprise.


(Photo : courtoisie de Motion Metrics International)

« Bien que de nombreuses sociétés minières parlent d’innovation, la plupart d’entre elles sont prudentes et attendront probablement qu’une nouvelle technologie ait déjà été utilisée par quelqu'un d'autre avant de songer sérieusement à s’en servir », affirme Nicole Van Hove du Service des délégués commerciaux du Canada (SDC).

« D’habitude, c’est un défi d’inciter une entreprise à être la première à adopter une nouvelle technologie. Une fois que vous avez franchi cet obstacle, tout le monde veut être le deuxième ou le troisième utilisateur, mais peu veulent être les premiers au cas où quelque chose tournerait mal », déclare Mme Van Hove dont le travail porte sur l'exploitation minière et pétrolière et gazière de la Colombie‑Britannique et du Yukon.

Heureusement pour Motion Metrics, de nombreux partenaires mondiaux sont enthousiastes à l’idée d’adopter des technologies de l’entreprise canadienne surtout si elles permettent d’améliorer la sécurité et l’efficacité. L’entreprise a mis au point une vaste gamme de technologies efficaces pour faire de l’analyse et de la détection numériques. L’entreprise a réussi cela en vendant presque entièrement à l’étranger, où il est plus facile de recruter les premiers utilisateurs.

« Dans le secteur minier, nous sommes l’une des seules entreprises à appliquer l’IA distribuée de pointe pour la surveillance par caméra et par capteur de l’équipement et de la taille des roches. Nous voulons en tirer parti et étendre notre offre à d’autres secteurs. L’objectif est d’agrandir considérablement Motion Metrics », indique M. Tafazoli.

Shahram Tafazoli a lancé Motion Metrics en 1999, deux ans après avoir obtenu un doctorat en robotique de l’Université de la Colombie‑Britannique, où il a conçu la technologie initiale et le produit que l’entreprise a commercialisé au fil des ans. En 2004, l’entreprise a commencé à exporter ses produits novateurs et M. Tafazoli n’a jamais cessé d’essayer de mettre à profit les technologies émergentes.

Le plus grand succès de Motion Metrics a été de sauver des vies. Ses technologies ShovelMetricsMC et LoaderMetricsMC analysent l’état de l’équipement minier et le contenu de la mine pour lancer un avertissement si quelque chose tourne mal et peut nuire à la sécurité des travailleurs dans la mine.

Le bris de dents, par exemple, est un problème grave qui peut blesser sérieusement ou tuer les travailleurs si des morceaux de métal dur (communément appelés outils d’attaque au sol) se retrouvent dans le concasseur. Les systèmes conçus par Motion Metrics sont conçus pour surveiller ces problèmes en appliquant l’intelligence artificielle intégrée et infonuagique aux images des caméras.

« Un ingénieur de Syncrude Research (un transformateur de sables bitumineux de l’Alberta) m’avait parlé de ce problème en 1998, déclare M. Tafazoli. J’ai démarré un projet avec un système de caméra. Depuis, ce projet a évolué grâce à la technologie et a été amélioré pour réduire les fausses alertes.

« Depuis, Motion Metrics a étendu ses activités pour faire de l’analyse de la taille des roches (communément appelée fragmentation des roches) à l’aide d’un dispositif portatif, à l’intérieur des pelles rétrocaveuses ou sur le dessus des convoyeurs. « La comminution, qui est l’action de réduire la taille des roches dans l’exploitation minière, peut être un problème très coûteux si elle n’est pas optimisée. En détectant la fragmentation des roches, on peut optimiser les paramètres du souffle et ainsi réduire l’énergie de broyage, ce qui se traduit par des économies de millions de dollars », explique M. Tafazoli.

Motion Metrics a conclu sa première vente internationale avec une mine de diamants au Botswana. Depuis, l’entreprise a pris de l’expansion et compte maintenant 60 employés à temps plein, surtout à Vancouver. Elle a toutefois des bureaux au Chili et en Afrique du Sud et bientôt en Australie. Environ 95 % de ses revenus proviennent de l’étranger, soit environ 10,3 millions de dollars en 2017. M. Tafazoli affirme que les ventes de son entreprise augmentent de 30 % par année. Son bilan et son succès continu ont fait de Motion Metrics un finaliste pour l’exportateur de l’année en Colombie‑Britannique.

Dans les débuts de son entreprise, M. Tafazoli avait signé sans aucun appui des contrats d’exportation et n’a vraiment commencé à utiliser le SDC qu’en 2008. Depuis, le SDC a joué un rôle déterminant en permettant d’ouvrir des portes afin que Motion Metrics puisse vendre les produits de son catalogue en pleine expansion, affirme‑t‑il.

« À l’époque, j’étais très nouveau dans le milieu des affaires et mon expérience était principalement sur le plan technique, se souvient M. Tafazoli. Les délégués commerciaux commencent par vous mettre en communication avec des personnes de haut niveau. Le Canada est très bien accueilli à cet égard, ce qui facilite la conclusion de nouvelles ententes. Vous avez accès à des spécialistes du SDC qui connaissent bien un marché précis dans une région géographique précise. Ils peuvent vous aider à entrer en contact avec les bonnes personnes. Ils peuvent aussi vous aider à communiquer avec les entreprises locales qui travaillent dans le domaine de la technologie. Ils organisent des événements où ils invitent des gens de haut niveau de l’industrie minière et vous offrent un environnement agréable pour le réseautage. »

D’après M. Tafazoli, plusieurs services du SDC ont été utiles à Motion Metrics dans divers marchés. C’est le cas notamment pour l’étude de marché, la diligence raisonnable à l’égard de clients potentiels, l’expansion des bureaux, des recommandations pour les services de banques, d’avocats ou autres services professionnels, ainsi que le dépannage en général, dans des situations comme l’examen des retards de distribution et de livraison.

Mme Van Hove a travaillé avec Motion Metrics au cours des 18 derniers mois, alors que l’entreprise était sur le point de déployer des algorithmes d’IA dans sa gamme de produits. À son avis, il est inhabituel qu’une entreprise canadienne qui dessert l’industrie minière tire autant de ses revenus des exportations.

« Motion Metrics offre une série de produits dotés d’un fort avantage concurrentiel, en ce sens qu’ils rendent l’exploitation minière beaucoup plus sécuritaire pour les gens qui la pratique et en améliorent l’efficacité, explique Mme Van Hove. L’entreprise œuvre dans un nombre impressionnant de pays et de mines. L’entreprise n’est pas seulement présente au Chili, mais en Amérique latine, partout en Amérique du Sud, en Australie, au Mexique et en Afrique. Il est très réjouissant de voir un individu prendre ses idées issues du milieu universitaire et les transférer avec succès dans un contexte de commerce international. »

Mme Van Hove ajoute que les entreprises de technologie minière ont tendance à s’intéresser davantage à l’exportation lorsqu’il y a un ralentissement dans le secteur canadien. Toutefois, si le prix des produits de base est élevé, ces entreprises se concentreront sur le marché intérieur.

À son avis, il est plus logique de toujours avoir une stratégie d’exportation dynamique, d’autant plus que les entreprises canadiennes sont toujours avantagées dans le secteur minier partout dans le monde.

« Au Canada, nous avons la réputation d’avoir des mesures de protection pour les travailleurs miniers et des mesures d’assainissement de l’environnement adéquates par rapport à bien d’autres pays, affirme Mme Van Hove. Je pense que cela aide beaucoup d’exportateurs canadiens qui ont une solution et qui veulent maximiser leur réputation en matière de sécurité et de qualité en l’appliquant ailleurs. »

De nombreuses autres administrations minières importantes importent l'expertise canadienne, dit Mme Van Hove. Le Chili, par exemple, devrait consacrer huit milliards de dollars à l’exploitation minière cette année. Environ 80 % de cette somme servira à se procurer des biens et services provenant de l’extérieur du pays, y compris du Canada.

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