Une entreprise atteint de nouveaux sommets dans la Vallée de l’aviation
La Vallée de l’aviation, dans le sud‑est de la Pologne, abrite l’industrie aérospatiale et des entreprises connexes. On y trouve aussi des chercheurs, des centres de formation de pilotes et, désormais, les bureaux d’un fabricant canadien de pièces d'aéronefs, Nétur Inc.
Établir une présence à l’étranger n’est pas une affaire facile pour une petite entreprise. Ceci nécessite du temps, de l’énergie et des ressources avant que l’entreprise ne s’attende à des rendements importants. En 2017, lorsque Nétur Inc., siégée à Saint‑Hubert, au Québec, a décidé d’ouvrir un bureau de service à la clientèle, de conception et d’ingénierie en Pologne, cette décision n’a pas été prise à la légère.
Grâce à l’aide du Service des délégués commerciaux du Canada (SDC), Nétur Polska poursuit aujourd’hui ses activités dans le sud‑est de la Pologne, plus spécifiquement dans la voïvodie des Basses‑Carpates, région aussi appelée Vallée de l’aviation. Au cours des prochains mois, l’entreprise prévoit même d’ouvrir un atelier de fabrication dans ce pays : sa première incursion dans la fabrication de composants de moteurs d'avions à l’extérieur du Canada.
« Je ne crois pas que nous aurions donné suite à ce projet sans en discuter d’abord avec le SDC », affirme Stéphane Turcotte, président de Nétur. Cette entreprise fondée par son père en 1978 n’était d’abord qu’un atelier d’usinage en banlieue de Montréal. Elle a connu une croissance importante et a fini par concentrer exclusivement ses activités sur les composants de moteurs d’aéronefs de haute précision, qu’elle fournit aux grands fabricants mondiaux de moteurs d’aéronefs, comme Pratt & Whitney Canada.
Forte présence canadienne dans l’industrie aérospatiale polonaise
Le Canada a noué des liens solides avec l’industrie aérospatiale polonaise, affirme Arkadiusz (Arek) Wysocki, un délégué commercial basé à Varsovie.
M. Wysocki, qui couvre les industries de l’aérospatiale, de l’automobile, des mines et du transport en Pologne, indique que plusieurs entreprises canadiennes sont actives dans la région, y compris Pratt & Whitney Canada, MB Aerospace, Heli‑One, CEL Aerospace, Magellan Aerospace et Cyclone MFG Inc..
Cette forte présence canadienne se reflète dans de solides statistiques commerciales : en 2017, les exportations totales de produits aérospatiaux vers la Pologne se sont élevées à plus de 170 millions de dollars, ce qui correspond à 25 % des exportations du Canada vers la Pologne. Les importations canadiennes de composants de moteurs d’aéronef en provenance de la Pologne ont totalisé environ 358 millions de dollars, ce qui représente 19 % des importations canadiennes en provenance de la Pologne.
La Pologne est le quatrième exportateur de pièces d’aéronef vers le Canada, après les États‑Unis, l’Allemagne et le Royaume‑Uni, souligne M. Wysocki. Ce dernier conseille aux entreprises canadiennes de l’aérospatiale et de l’automobile « de voir la Pologne comme un pays européen qui compte des pôles d’activités déjà bien intégrés à la chaîne d’approvisionnement mondiale dans ces deux secteurs ». Il souligne que le Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada aide les entreprises canadiennes à y trouver des occasions d’affaires et à nouer d’importants contacts sur place.
Le délégué commercial principal à Varsovie, Nicolas Lepage, précise que l’économie de la Pologne est la huitième en importance au sein de l’Union européenne (UE); le pays compte une population d’un peu plus de 38 millions d’habitants, est le sixième plus important membre de l’UE et est le plus grand bénéficiaire des fonds structurels de l’UE. Il s’agit aussi du premier partenaire du Canada en Europe centrale et orientale pour le commerce des marchandises. Au cours des deux dernières années, les échanges bilatéraux entre les deux pays ont progressé de plus de 23 %. En 2017, les échanges bilatéraux de marchandises ont franchi un niveau record, s’établissant à plus de 2,6 milliards de dollars : les exportations canadiennes vers la Pologne ont atteint près de 700 millions de dollars et les importations polonaises vers le Canada se sont élevées à 1,9 milliard de dollars.
Selon les dernières prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le taux de croissance du PIB polonais dépassera 4 % en 2018, sous l’effet d’une intensification de la demande intérieure et d’une reprise des investissements. L’intégration de la Pologne aux chaînes de valeur mondiales lui a été très bénéfique, précise M. Lepage, et le gouvernement a adopté une stratégie de croissance qui vise, entre autres, à stimuler les dépenses privées en recherche et développement ainsi qu’à améliorer la collaboration entre les universités et l’industrie.
L’économie polonaise offre des débouchés aux petites et grandes entreprises canadiennes dans différents secteurs, y compris l’aérospatiale, l’automobile, les technologies de l’information et des communications; les industries extractives, les technologies propres, les sciences de la vie; l’agriculture et l’agroalimentaire.
« L’innovation est un thème transversal, affirme M. Lepage. Compte tenu de l’intérêt marqué pour l’établissement de liens entre nos écosystèmes d’innovation, certaines initiatives particulières se concentrent également sur cet intérêt afin de favoriser une collaboration accrue en matière d’innovation. »
Le climat des affaires et des investissements en Pologne est excellent et s’est amélioré par suite des réformes engagées récemment, poursuit‑il. « Les entreprises canadiennes ne sont pas confrontées à des défis précis; cela dit, certaines entreprises présentes sur ce marché constatent qu’il y a encore place à l’amélioration, notamment pour accélérer les transactions commerciales et améliorer la gouvernance dans les marchés publics. »
Le Canada et la Pologne entretiennent des liens amicaux, ajoute M. Lepage. Le Canada est devenu le foyer de centaines de milliers d’émigrants polonais après la Seconde Guerre mondiale, et ces derniers ont joué un rôle déterminant dans l’essor du commerce avec la Pologne. La première grande délégation commerciale canadienne s’est rendue en Pologne en 1999. Depuis, les échanges bilatéraux se sont intensifiés d’année en année, atteignant un niveau record en 2017.
Aujourd’hui, l’entreprise compte 56 employés, dont 4 en Pologne. Son chiffre d’affaires annuel s’élève à plus de 12 millions de dollars américains, des revenus qui proviennent à parts égales du marché canadien et du marché international. Cela comprend près de 1,5 millions de dollars américains en Pologne, où cette croissance se poursuit.
En 2012, des clients désirant améliorer leur chaîne d’approvisionnement en Pologne — troisième pôle en importance du secteur de l’aérospatiale en Europe —, avaient encouragé M. Turcotte à s’y installer. Il a sérieusement envisagé de le faire, mais à l’époque, Nétur venait d’effectuer d’importants travaux d’agrandissement au Canada, se souvient‑il. « Nous avons alors mis ce projet de côté. »
À la même année les dirigeants de Nétur ont commencé à collaborer avec le SDC, lors de la participation de l’entreprise à une mission commerciale dans le secteur de l’aérospatiale en Pologne, dirigée par le gouvernement du Québec. M. Turcotte a alors rencontré pour la première fois le délégué commercial de Varsovie chargé des secteurs de l’aérospatiale, de l’automobile, des mines et du transport, M. Arkadiusz (Arek) Wysocki.
M. Wysocki a aidé Nétur à entrer sur le marché polonais et a encouragé M. Turcotte à ouvrir un bureau en Pologne pour son entreprise. En 2015, le délégué commercial lui a annoncé une bonne nouvelle : un incubateur d’entreprises spécial verrait le jour à Jasionka, près de Rzeszow, le chef‑lieu de la voïvodie des Basses‑Carpates. Cela permettrait de réduire les risques pour l'entreprise, en plus de l’aider à se familiariser avec le marché régional. À la fin de 2016, M. Turcotte a décidé d'aller de l’avant et d’ouvrir un bureau en Pologne. Au mois d’août 2017, Nétur Polska démarrait ses activités, une décision qui, selon M. Turcotte, a été rendue possible grâce au SDC.
M. Wysocki indique que « la Pologne est devenue un pôle important pour la fabrication et l’entretien des moteurs d’avion, y compris leur réparation et leur révision, et il est vraiment vital pour Nétur de se rapprocher de ses principaux clients ». Selon lui, l’entreprise a « fait un premier pas dans la bonne direction en amorçant son développement commercial international avec l’aide du SDC », y compris en commençant par se faire conseiller par le bureau régional de Montréal et par participer à la mission du Québec en Pologne. M. Turcotte a ensuite poursuivi ses démarches, se rendant à 16 reprises en Pologne, souligne‑t‑il.
« La stratégie de Nétur consistait à emboîter le pas à son principal client, Pratt & Whitney Canada, lequel était déjà bien établi dans ce pays », explique M. Wysocki. « La mise sur pied de Nétur Polska est un bon moyen de se renseigner sur les occasions d’affaires dans la région, et d’y donner suite, pour que l’usine au Canada obtienne de nouveaux contrats. »
Pour de petites entreprises familiales comme Nétur, « le soutien du SDC s’avère essentiel dans des marchés éloignés comme celui de la Pologne », précise M. Wysocki. « Ce soutien se poursuit tout au long de la croissance de l’entreprise, car le SDC élargit constamment son réseau de personnes‑ressources sur place, pour créer de nouveaux débouchés. »
M. Turcotte affirme que le SDC nous a « vraiment été d’un grand secours », notamment en mettant Nétur en contact avec des avocats, des comptables et d’autres professionnels compétents pour le démarrage de ses activités. Il a aussi aidé son entreprise à relever d’autres défis, comme la compréhension des normes du travail polonaises, différentes des nôtres.
Actuellement, son personnel est formé d’un responsable du soutien à la clientèle, d’ingénieurs en mécanique et d’un ingénieur de la qualité. Tous s’occupent de dossiers en Europe et élargissent les fonctions de Nétur au Canada. « Cela nous permet d’accroître nos heures d’activité, comme si des employés effectuaient un quart de nuit », ajoute M. Turcotte en soulignant que le nouvel atelier de fabrication en Pologne permettra à l’entreprise d’exécuter des travaux pour des clients de la région.
Les technologies d’aujourd'hui, comme la vidéoconférence, s’avèrent particulièrement utiles à la petite entreprise pour l’exploitation de ses installations à distance. Bien entendu, cela comprend Internet, grâce auquel Nétur peut, par exemple, vérifier en temps réel l’efficacité de chaque machine en Pologne. « Dans notre cas, il suffit de nous brancher pour poursuivre nos activités », confie M. Turcotte. « Aucune grande infrastructure n’est nécessaire. Je ne suis pas certain que cela aurait été possible il y a 10 ans. »
La Pologne est une excellente plaque tournante pour les entreprises comme la nôtre, explique M. Turcotte, notamment en raison de la présence d’une main‑d’œuvre hautement qualifiée, du nombre de personnes parlant l’anglais et du prix abordable des matériaux et de la main‑d’œuvre. À cela s’ajoute son emplacement stratégique, à proximité d’importants clients européens. Il recommande aux PME qui cherchent à s’implanter à l’étranger de prendre leur temps et de bien examiner tous les avantages et tous les inconvénients.
« La patience est de mise. Les décisions ne se prennent pas au hasard », ajoute‑t‑il. Il faut adopter une vision à long terme pour prévoir l’avenir et déterminer si ce sera rentable. »
Selon M. Wysocki, le principal défi pour Nétur demeure sa petite taille; M. Turcotte « tente de tout faire par lui‑même », mais le bureau polonais et son équipe permettront à l’entreprise de se développer. « Le SDC continuera d’aider Nétur en lui donnant l’occasion de participer à d’importantes foires commerciales et en la mettant en contact avec de nouveaux acteurs clés dans la région », conclut‑il.
M. Turcotte estime que les liens noués avec le SDC s’avèrent utiles. « Nul doute qu’avec le soutien de votre ambassade, il est beaucoup plus probable que vos efforts soient couronnés de succès », déclare‑t‑il, en ajoutant qu’il reste en contact avec M. Wysocki. « Ce dernier veille réellement sur nous. »
Depuis l’ouverture de notre bureau en Pologne, il y a un an, « je ne regrette aucunement ma décision », affirme M. Turcotte. « Nous n’avons plus qu’à poursuivre nos efforts sur ce marché », conclut‑il. En effet, d’ici la fin de 2019, la société prévoit que son chiffre d’affaires dans ce pays franchira le cap des 5 millions de dollars américains.
Ce récit qui nous vient de Varsovie, en Pologne, est un exemple de la façon dont les délégués commerciaux situés dans plus de 160 villes du monde aident les entreprises canadiennes à réussir.
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