Une entreprise de technologie des soins de santé réalise de grands rêves grâce à un programme d’accélération
Rémi Richard et Yan Raymond‑Lalande ont toujours eu de grandes ambitions pour l’entreprise technologique montréalaise, Pomelo Santé, qu’ils ont cofondée. Celle‑ci se spécialise dans la conception de logiciels destinés au domaine des soins de santé, permettant ainsi de simplifier grandement des fonctions comme la planification des rendez-vous des patients et les communications sécurisées par les professionnels de la santé.
La participation des deux jeunes entrepreneurs au programme des Accélérateurs technologiques canadiens à Boston, dirigé par le Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada, leur a permis de rêver plus grand.
L’Accélérateur technologique canadien (ATC) les a notamment mis en contact avec des mentors de premier plan qui les ont aidés à comprendre le marché américain, à nouer des relations d’affaires et à franchir les étapes essentielles du développement des affaires et de la transformation de l’image de marque. Ils ont eu des rencontres avec des investisseurs potentiels qui ont fini par mener à une série lucrative d’injections de capital de risque. Des délégués commerciaux enthousiastes leur ont fourni des conseils cruciaux et continuent de présenter les deux entrepreneurs à des clients potentiels, des milliers de cliniques et d’hôpitaux étant susceptibles de faire appel à leur technologie.
« L’ATC nous a permis d’atteindre notre prochaine série d’objectifs »
, indique M. Richard, 32 ans, chef de l’innovation chez Pomelo Santé. En collaboration avec le PDG de l’entreprise, M. Raymond‑Lalande, également âgé de 32 ans, ils ont eu l’idée de fonder Pomelo Santé il y a dix ans lorsque le père de M. Richard a eu la main transpercée par un clou alors qu’il réalisait un projet de rénovation domiciliaire, et qu’il a dû attendre sept heures avant de voir un médecin dans un service d’urgence bondé. Les deux jeunes hommes, qui dirigeaient alors un service de création de sites Web pour les entreprises, ont eu l’idée de créer un « guichet » électronique qui permettrait aux patients d’ouvrir une session et d’obtenir un rendez‑vous à distance.
Ils ont créé leur entreprise, qu’ils ont appelée Chronometriq, en 2011, « et nous pensions devenir millionnaires en un an », avoue M. Richard. Il se rappelle plutôt avoir dû marcher 10 kilomètres pour se rendre à un rendez‑vous dans un secteur éloigné de Montréal afin d’économiser les 3,50 $ que lui aurait coûté le transport en métro. « Nous étions très pauvres et avions de la difficulté à joindre les deux bouts, mais nous étions passionnés par ce que nous faisions. »
Yan Raymond‑Lalande (à gauche), cofondateur et PDG de Pomelo Santé, et Rémi Richard, cofondateur et chef de l’innovation de l’entreprise.
Photo : Guillaume Levasseur
La technologie qu’ils ont mise au point permet de réaliser plusieurs tâches en ligne, comme la prise de rendez‑vous, l’automatisation des rappels et l’inscription libre‑service, et cette technologie a continué de s’étendre à une série d’outils logiciels et d’applications pour les patients et les médecins. À l’automne 2018, après avoir recueilli 3,5 millions de dollars en financement de série A et fait figure de chef de file dans le domaine au Canada, l’entreprise s’est inscrite à l’ATC de Boston pour élargir son offre de produits et son marché.
Le programme a permis à l’entreprise d’atteindre « un autre niveau de confiance », dit M. Richard. Elle a surtout donné aux deux fondateurs « du temps seul à seul »
, à l’abri des distractions et des perturbations quotidiennes de leur entreprise en croissance, « pour prendre du recul et réfléchir à notre entreprise »
. Leurs mentors étaient des chefs de file dans le domaine et sont depuis devenus des amis qui « s’intéressent à notre réussite et se sentent parties prenantes de celle‑ci, ce qui est motivant »
. Les délégués commerciaux qui les ont appuyés « ont cru en nous dès le départ et sont désormais de bons alliés pour nous aux États‑Unis »
, poursuit‑il, et ils ont présenté l’entreprise à des clients potentiels qui pourraient « faire exploser la valeur de l’entreprise »
.
Selon Serban Georgescu, gestionnaire de programme de l’ATC à Boston et délégué commercial chargé du secteur de la santé numérique, le SDC continue d’assurer une présence indispensable sur le terrain pour des participants à l’ATC comme MM. Richard et Raymond‑Lalande, et ce, longtemps après la fin du programme. « Nous sommes heureux de les appuyer dans leur croissance et de suivre leur succès. »
Il affirme que l’ATC, qui se déroule actuellement en mode virtuel puisque la pandémie de COVID‑19 limite les déplacements, génère un changement majeur dans les horizons et les attentes des entrepreneurs en technologie. « Vous évoluez dans un environnement à la fine pointe de la technologie où l’information circule très rapidement, explique M. Georgescu, un médecin qui a déjà travaillé dans le domaine de la cardiologie. Nous ouvrons la voie vers des clients, des partenaires et des collaborateurs potentiels. »
M. Richard conseille aux participants à l’ATC de profiter au maximum de l’expérience. « Faites confiance aux mentors et au programme, soyez préparés et définissez vos cibles. »
La participation de l’entreprise à l’ATC lui a permis de prendre conscience de l’importance du message que l’on transmet et du marketing numérique, et de mieux comprendre la culture américaine, dit‑il. « Les Américains sont directs, et le temps et l’argent comptent pour eux… Comme les médecins de Boston sont constamment bombardés de nouvelles technologies, les entreprises doivent être meilleures et se distinguer. »
Leur entreprise est concurrentielle sur le plan de la qualité de ses produits, de leur facilité d’utilisation et de leur coût, souligne‑t‑il, « mais au bout du compte, c’est une question de relations et de ce que vous réussissez à communiquer aux gens à votre égard et en ce qui concerne votre entreprise. »
Depuis son expérience avec l’ATC, l’entreprise a recueilli 20 millions de dollars en financement de série B et a été rebaptisée Pomelo Santé. M. Richard dit que le pomelo, le « roi des agrumes », évoque positivité et énergie, et le mot est facile à prononcer en anglais, en français ou en espagnol.
Dans l’intention de croître « le plus rapidement possible »
, l’entreprise a ouvert une filiale américaine à Cambridge, au Massachusetts, qui s’ajoute à ses bureaux à Montréal et à Toronto, et compte actuellement une équipe de 100 employés. Quelque 12 millions de patients en Amérique du Nord utilisent ses produits aujourd’hui, et l’entreprise a conclu une entente de partenariat avec ELLKAY, une importante entreprise américaine de connectivité dans le domaine des soins de santé.
La pandémie de COVID‑19 n’a pas ralenti la progression de l’entreprise, sauf pour ce qui est de limiter les déplacements de son personnel, un problème auquel M. Richard remédie en affichant des fanions et des enseignes à thématique américaine avec des noms de villes américaines partout dans ses bureaux canadiens. « Il ne faut jamais oublier ce marché »
, explique‑t‑il.
L’entreprise a pour objectif de continuer à doubler ses revenus chaque année et de prendre de l’expansion à l’échelle internationale une fois qu’elle aura établi une « présence durable »
aux États‑Unis, dit‑il. Il s’attend à ce que ces visées débouchent sur un troisième cycle de financement de centaines de millions de dollars, suivi d’un premier appel public à l’épargne d’ici cinq ans. M. Richard voit Pomelo Santé comme une entreprise valant des milliards de dollars et comptant des milliers d’employés dans l’avenir.
« Nous sommes partis de rien, mais nous avons appris à rêver, et à voir grand »
, conclut‑il.
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