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Pleins feux sur le terrain : le SDC à Bogotá

La Colombie, qui compte plus de 51 millions d’habitants, qui jouit d’une situation stratégique au point d’entrée de l’Amérique du Sud et qui affiche l’un des meilleurs rendements économiques de la région, présente des avantages pour les entreprises canadiennes qui souhaitent exporter ou investir à l’étranger.

Le pays offre en effet un climat accueillant pour les entreprises, notamment en raison de sa récente accession à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et il a connu une forte reprise économique après la pandémie de COVID‑19. Un accord de libre-échange (ALE) avec le Canada donne à nos biens et services un avantage concurrentiel dans le pays, tandis qu’une équipe solide au bureau du Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada à Bogotá veille à ce que nos entreprises obtiennent de l’aide et soient prises en compte.

« La Colombie présente des caractéristiques uniques qui en font l’un des marchés émergents les plus attrayants, non seulement dans la région, mais aussi à l’échelle mondiale », déclare Claudio Ramirez, délégué commercial principal dans la capitale, Bogotá. M. Ramirez souligne que le commerce de marchandises entre le Canada et la Colombie a atteint 2,3 milliards de dollars en 2021 et que, « selon les prévisions consensuelles, l’économie colombienne devrait connaître en 2023 et 2024 la plus forte croissance des pays d’Amérique du Sud. Les exportations canadiennes devraient atteindre de nouveaux sommets au cours des prochaines années. »

Claudio Ramirez
Claudio Ramirez, délégué commercial principal à Bogotá

Dans le deuxième bureau du SDC en importance en Amérique du Sud, M. Ramirez gère une équipe de 10 personnes, qui appuient plus de 125 entreprises canadiennes actives dans le pays. Il précise que la Colombie est le deuxième marché hispanophone du monde, après le Mexique, qu’elle offre un accès à l’océan Pacifique et à l’océan Atlantique et qu’elle possède la plus grande plate‑forme de fret aérien d’Amérique du Sud, à Bogotá.

La Colombie n’a jamais manqué à ses engagements pour rembourser sa dette, dit‑il, et jusqu’à l’émergence de la pandémie de COVID‑19 en 2020, elle n’avait jamais connu de récession. Le pays a récemment intégré l’OCDE, ce qui garantit qu’il restera sur la voie des réformes économiques dans des domaines clés tels que la lutte contre la corruption, l’amélioration des infrastructures et la poursuite de la libéralisation des échanges.

« Un pionnier »

« Le Canada a été, à bien des égards, un pionnier sur le marché colombien », explique M. Ramirez. De fait, il a été le premier pays du G7 à conclure un ALE avec la Colombie — l’Accord de libre‑échange Canada–Colombie (ALECC) —, qui est entré en vigueur en 2011 et qui présente aujourd’hui l’un des taux d’utilisation les plus élevés parmi les ALE du Canada.

Une étude de l’incidence de l’Accord réalisée par le Bureau de l’économiste en chef d’Affaires mondiales Canada en 2021, année du 10e anniversaire de l’ALECC, a révélé que les exportations canadiennes de marchandises en Colombie ont augmenté de 20 %, les exportations de services, de 133 %, et les investissements directs canadiens en Colombie, de 512 %.

« Pour ce qui est des exportations de biens, certains secteurs ont connu une croissance explosive », constate M. Ramirez. Il s’agit notamment des produits pharmaceutiques (492 %), des produits de l’industrie meunière tels que le malt et les grains de céréales (7 695 %) et des extraits de teinture (606 %).

Claudia Gutierrez
Claudia Gutierrez, déléguée commerciale à Bogotá
Photo : Juan Pablo Forero


Juan Carlos Navia
Juan Carlos Navia, délégué commercial à Bogotá
Photo : Claudia Giraldo

Le bureau du SDC à Bogotá aide un groupe diversifié d’exportateurs canadiens, dit-il, dont la plupart sont des petites et moyennes entreprises (PME). Celles‑ci cherchent divers débouchés dans des domaines émergents tels que les industries créatives, l’intelligence artificielle, la chaîne de blocs, l’internet des objets, l’apprentissage en ligne, la cybersécurité, le commerce électronique et les technologies propres.

En 2021, les principales exportations du Canada en Colombie étaient des céréales, des légumes, des engrais et des machines, appareils et matériels électriques. La même année, les exportations canadiennes de marchandises en Colombie ont atteint le chiffre record de 1 milliard de dollars, ce qui représente un bond de 27,1 % par rapport à 2020.

Dans le secteur des services, l’éducation est en plein essor en Colombie, qui est sur le point de dépasser des pays plus grands comme le Mexique et le Brésil pour devenir le plus grand marché international d’étudiants pour les collèges et universités du Canada.

Débouchés sectoriels

Claudia Gutierrez, déléguée commerciale chargée des infrastructures et des technologies propres en Colombie, signale que de grandes sociétés d’ingénierie canadiennes ont établi de vastes opérations dans le pays. Elle s’attend à une croissance dans le secteur de l’énergie, ce qui représente des débouchés pour les fournisseurs d’équipements et de services.

Le pays développe un certain nombre de projets axés sur les énergies renouvelables, « et la nécessité de les relier au réseau est imminente », dit‑elle. La Colombie s’est engagée à réduire ses émissions, ce qui crée des possibilités dans le domaine des technologies propres, tandis que le programme d’infrastructure du pays aura besoin du type d’expertise en ingénierie que le Canada peut fournir.

Mme Gutierrez recommande aux entreprises de se doter d’une stratégie à long terme pour le pays. Les sociétés colombiennes ont tendance à faire affaire avec leurs amis, note‑t‑elle, et les processus contractuels peuvent être longs. « Les entreprises canadiennes doivent être prêtes à consacrer à ce marché des ressources, non seulement financières, mais aussi humaines, ainsi que du temps ». Il est important de parler espagnol, de se rendre régulièrement dans le pays et d’avoir un représentant local qui puisse établir et entretenir les relations avec les clients. « Vous devez être en mesure de fournir un service en face à face, en particulier un soutien après‑vente. »

Juan Carlos Navia, délégué commercial responsable des secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et des sciences de la vie, est aussi d’avis que « les relations en face à face sont particulièrement efficaces pour établir des liens avec les acheteurs locaux ». Et les efforts visant à développer les outils de communication en espagnol, comme les brochures, les médias sociaux et les documents techniques, sont bien accueillis.

Selon M. Navia, les produits agricoles canadiens comme le blé, les céréales, les légumineuses et les viandes ont connu une croissance constante au cours des 2 dernières années. Si, dans le domaine des sciences de la vie, la plupart des activités sont liées au cannabis médical, le SDC de Bogotá fait aussi la promotion d’autres débouchés comme l’agriculture de précision et l’agrotechnologie.

Une approche à long terme

Selon M. Ramirez, les entreprises canadiennes ont réussi en Colombie en adoptant une approche à long terme. « Les gains rapides et faciles sont rares lorsqu’on fait des affaires sur des marchés émergents comme la Colombie. La fortune ne sourit pas seulement aux audacieux, elle récompense aussi ceux qui savent attendre », commente‑t‑il. « Ainsi, il faut s’engager très tôt auprès des communautés locales, gagner leur confiance et assurer l’acceptabilité sociale des opérations, ce qui est tout aussi important que l’obtention des permis appropriés auprès des organismes de réglementation. »

Réussites obtenues avec le soutien du SDC en Colombie

Ces derniers mois, l’équipe du bureau du Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada à Bogotá a joué un rôle crucial pour faciliter ou assurer le succès de plusieurs projets d’exportation canadiens. En voici quelques exemples :

Certaines entreprises canadiennes qui font des affaires dans les régions rurales de la Colombie, où les besoins socioéconomiques sont les plus importants, ont pris la décision délibérée de contribuer au bien‑être des communautés locales par l’entremise d’investissements sociaux, explique M. Ramirez. Cette approche implique parfois un co-investissement avec le programme de coopération du gouvernement du Canada dans le pays au moyen d’un mécanisme de financement mixte. Cette méthode novatrice « reflète la convergence entre le programme commercial inclusif du Canada et notre politique d’aide internationale féministe », précise‑t‑il.

En ce qui concerne la diversité et l’inclusion, le SDC en Colombie a accueilli en mars 2021 une délégation virtuelle d’entreprises LGBTQ2+, la première sur un marché émergent, et il espère en accueillir une autre axée sur les entreprises autochtones en octobre.

Les grandes villes colombiennes comme Bogotá, Medellín, Cali et Barranquilla sont modernes et offrent l’une des meilleures options en matière de qualité de vie et de faible coût de la vie dans la région, indique M. Ramirez. Ces villes sont bien connectées par voie aérienne à d’autres centres d’affaires nationaux et internationaux. En outre, la sécurité personnelle s’est notablement améliorée au cours de la dernière décennie, notamment avec la signature d’un accord de paix en 2016.

La création d’une nouvelle entreprise en Colombie nécessite moins de temps et de procédures que la moyenne en Amérique latine, selon le classement de la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires, souligne‑t‑il. L’accès au crédit est facile dans la plupart des secteurs. L’exploitation d’une entreprise dans le pays présente des avantages indéniables, comme une main-d’œuvre bon marché, l’accès aux marchés étrangers et la stabilité politique.

En matière d’investissement, la Colombie est une cible importante des régimes de retraite et des entreprises canadiennes qui cherchent à s’implanter au moyen d’acquisitions d’actifs, étant donné sa stabilité politique et la solidité de ses facteurs fondamentaux macroéconomiques. Compte tenu de la richesse du pays en ressources naturelles et de sa volonté de transition énergétique, M. Ramirez estime qu’il existe des débouchés pour les investisseurs canadiens dans ces domaines.

Les défis à connaître

Bien que la Colombie ait fait des progrès pour améliorer son climat d’affaires, les entreprises canadiennes doivent être conscientes de certains risques et défis, met‑il en garde, comme les taux d’imposition des sociétés qui sont plus élevés que la moyenne de l’OCDE. Les lourdeurs bureaucratiques, les retards dans l’obtention des autorisations des organismes de réglementation, l’application inégale des politiques, ainsi que la corruption, en particulier aux échelons inférieurs de l’administration (municipale et départementale), peuvent à la longue accroître le coût et les difficultés liés aux affaires. La sécurité peut encore être un problème, notamment pour les entreprises qui exercent leurs activités dans des régions où la présence de groupes armés se disputant le pouvoir et le contrôle des activités illicites peut constituer une menace pour le capital humain et matériel.

« Aucun de ces défis n’est insurmontable », fait remarquer M. Ramirez, qui souligne que la clé du succès consiste à être conscient des risques et à mettre en place des mécanismes d’atténuation et d’évitement. En travaillant avec le SDC, les entreprises canadiennes ont l’avantage « d’être au courant avant de se lancer » et d’entrer sur le marché en étant pleinement informées.

Les délégués commerciaux peuvent discuter des défis à relever pour faire des affaires dans le pays dans le cadre d’évaluations individuelles des marchés ou de séances d’information sur les marchés, par exemple si une entreprise fait partie d’une délégation commerciale plus importante. « Sur des questions comme la corruption, notre conseil est sans équivoque et correspond à une politique de tolérance zéro », déclare M. Ramirez. Pour franchir les obstacles réglementaires et éviter les pièges juridiques, il est souvent nécessaire de faire appel aux services-conseils spécialisés d’avocats, de comptables ou d’autres personnes que le SDC peut mettre en contact avec les clients.

Après la pandémie, la Colombie a connu un retour progressif à la normale, avec la reprise des foires et conférences commerciales en personne, ainsi que des voyages d’affaires. Actuellement, il n’y a pas d’autres obstacles à l’entrée dans le pays que le fait d’être complètement vacciné.

Regard vers l’avenir

Sur le plan économique, « les choses se présentent bien pour la Colombie, ce qui est une bonne nouvelle pour les entreprises canadiennes », déclare M. Ramirez. Le PIB du pays a augmenté de près de 11 % en 2021 et, selon le Fonds monétaire international, il devrait croître plus rapidement que celui des autres pays d’Amérique latine en 2022 et en 2023.

Le pays vient d’élire un nouveau président, Gustavo Petro, et le nouveau gouvernement entrera en fonction en août. « Un tel changement au sommet de l’État peut toujours apporter de l’incertitude et entraîner un changement de direction dans les politiques commerciales et économiques », explique M. Ramirez. « Cependant, il y a lieu de croire que la Colombie restera un marché très attractif pour les entreprises canadiennes. »

Il encourage les entreprises à utiliser les services gratuits du bureau du SDC en Colombie. « Nous pouvons rapidement évaluer si les offres de votre entreprise correspondent bien à ce marché », dit-il. Les délégués commerciaux peuvent offrir des conseils pour mettre à profit les possibilités de financement du SDC, aider les entreprises à éviter les pièges courants et les aider à comprendre la culture d’entreprise locale.

« Il est clair que les PME qui travaillent avec le SDC ont de meilleures chances de réussite que celles qui font cavalier seul », ajoute M. Ramirez. « Nous avons une équipe de professionnels qui s’emploie à servir votre entreprise et à faire en sorte que vous puissiez prospérer sur ce marché florissant. »

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