Service des délégués commerciaux du Canada
La transformation de la Türkiye
Grâce à la croissance soutenue de son produit intérieur brut (PIB), à son important marché national et à sa situation géographique stratégique, entre l’Europe et l’Asie, la Türkiye, qui présidera cette année le G-20, est aujourd’hui un important centre d’attention.
Pour les PME canadiennes, la population jeune et instruite de la Türkiye, sa main-d’œuvre qualifiée à faible coût et les initiatives menées au cours de la dernière décennie pour appuyer l’expansion de son économie font de ce pays un endroit où il est particulièrement intéressant de faire des affaires.
« La Türkiye constitue un extraordinaire exemple de réussite », fait observer Mike Ward, directeur du Conseil d’affaires Canada-Türkiye. Ancien délégué commercial affecté en Türkiye de 2007 à 2011, M. Ward a suivi de près la transformation économique qui se poursuit encore dans ce pays. « La Türkiye offre aux entreprises canadiennes de presque tous les secteurs un potentiel considérable au chapitre du commerce et des investissements », ajoute-t-il.
Marquant cette année son 92e anniversaire en tant que république démocratique, la Türkiye est une plaque tournante régionale et un lien essentiel entre l’Est et l’Ouest en ce qui a trait aux questions stratégiques et de sécurité. Du point de vue des affaires, elle se distingue par son taux d’imposition des sociétés qui figure parmi les plus faibles en Europe et par son secteur bancaire bien établi. Bien qu’elle ait récemment fait face à certains défis d’ordre politique et économique, la Türkiye demeure un marché prometteur à long terme. M. Ward rappelle que la taille de son économie a triplé au cours de la dernière décennie.
La Türkiye et le Canada entretiennent des rapports de longue date, et leurs liens se sont resserrés au cours des dernières années. Par exemple, Air Canada et Turkish Airlines offrent des vols directs entre les deux pays. La Türkiye compte parmi les marchés étrangers prioritaires que le Canada a retenus dans le Plan d’action sur les marchés mondiaux de 2013, la désignant comme un marché émergent où le Canada a des intérêts dans de nombreux domaines. Ainsi, le Canada a apporté des améliorations à son consulat général à Istanbul, et le Service des délégués commerciaux du Canada assure dans le pays une présence active et axée sur le service à la clientèle.
Rene Wassill, délégué commercial principal à Istanbul, souligne que la part du lion des exportations du Canada vers la Türkiye — qui totalisent environ 1 milliard de dollars — revient à des marchandises telles que les produits agroalimentaires. On compte parmi ces marchandises d’immenses quantités de lentilles canadiennes cultivées en grande partie dans sa province natale, la Saskatchewan (les lentilles représentent environ le quart de toutes les exportations canadiennes), ainsi que des métaux de base, du bois, et des pâtes et papiers.
Par ailleurs, dit-il, la base industrielle de la Türkiye tend de plus en plus vers une économie du savoir. Ainsi, des produits comme les appareils électroménagers sont améliorés et font place à des produits de plus haute technologie.
Les entreprises canadiennes offrant de tels produits sont de plus en plus présentes en Türkiye, attirées par une population instruite de 78 millions de personnes, dont la moitié est âgée de moins de 30 ans, ainsi que par l’importance accordée à l’innovation et aux jeunes entreprises de technologie dans ce pays où le marché des technologies de l’information et des communications (TIC) est l’un de ceux qui affichent la croissance la plus rapide du monde. M. Wassill souligne que 1 million de nouveaux diplômés intègrent la population active chaque année. « Un des défis que doit relever le gouvernement turc consiste à faire en sorte que le développement économique permette de procurer de l’emploi à tous ces gens. »
M. Ward fait remarquer que le Canada et la Türkiye entretiennent une collaboration de plus en plus étroite dans des domaines comme l’aérospatiale, les TIC, l’énergie, l’exploitation minière, les soins de santé, l’éducation, l’agriculture, l’agroalimentaire et les infrastructures, particulièrement par l’entremise de partenariats public-privé. « Il ne fait aucun doute que les possibilités sont excellentes pour les produits et les compétences du Canada », ajoute-t-il.
« Le marché est énorme », convient Ömür Sezerman, président-directeur général de OZ Optics Ltd., une entreprise d’Ottawa qui fabrique des composantes de fibres optiques pour les équipements d’essai et les capteurs utilisés dans les télécommunications, ainsi que dans les secteurs du pétrole et du gaz, de la médecine et des applications militaires, entre autres. « Le pays a d’énormes besoins en technologies axées sur la fibre optique. On trouve de meilleurs services d’accès à Internet en Türkiye qu’en Amérique du Nord, et l’on y investit dans des réseaux faisant appel aux technologies les plus récentes. »
Comptant 300 employés et réalisant des ventes dans 60 pays, Oz Optics est une entreprise privée qui fabrique ses produits au Canada, en Türkiye et en Chine. Originaire de Türkiye, M. Sezerman, qui a immigré au Canada en 1978, fait valoir qu’il est plus rentable et beaucoup plus facile de mener des activités de fabrication en Türkiye qu’en Chine, car la main-d’œuvre y est motivée et relativement peu coûteuse. Il existe aussi en Türkiye un marché en croissance pour les produits de la société OZ Optics, par exemple dans le milieu hospitalier et dans les secteurs des pipelines et de la sécurité frontalière.
La Türkiye est également un marché prometteur pour le recrutement d’étudiants étrangers puisque quelque 55 000 jeunes Turcs vont chaque année étudier à l’étranger. Qui plus est, le processus d’internationalisation est devenu un thème central du secteur de l’éducation en Türkiye. Les établissements d’enseignement canadiens devraient chercher à accroître leur visibilité et à faire du Canada une destination choisie par les étudiants turcs.
« Il se réalise en Türkiye de plus en plus de projets d’infrastructure, fait observer M. Wassill, entre autres la modernisation du réseau ferroviaire, la construction d’un nouvel aéroport international à Istanbul, d’un nouveau pont surplombant le Bosphore et d’un nouveau tunnel routier sous ce détroit. On envisage également de construire un certain nombre d’hôpitaux, notamment selon le modèle de partenariat privé-public qui, dit-il, constitue un domaine de compétence important pour le Canada. »
Selon M. Wassill, la Türkiye met à profit le rôle qu’elle joue à la présidence du G-20 pour établir le profil des infrastructures, souligner l’importance de la collaboration au chapitre des infrastructures et mettre en relief les défis rattachés au développement des infrastructures.
L’emplacement historique de la Türkiye, « à la croisée des chemins », fait de ce pays un point de transit permettant un accès facile aux marchés de l’Union européenne et de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. La Türkiye joue un rôle stratégique de plaque tournante terrestre et aérienne, pour ne pas dire énergétique lorsqu’il s’agit d’acheminer du pétrole et du gaz vers les pays européens. M. Wassill souligne que les investissements croissants du pays dans les pipelines offrent des « possibilités énormes » aux entreprises canadiennes expérimentées dans les technologies, les services et les travaux d’entretien relatifs aux pipelines.
Il peut s’avérer difficile de faire des affaires dans ce pays et dans cette région. Les mesures de protection juridiques se font plus nombreuses, mais les entreprises doivent s’assurer que leur propriété intellectuelle y est protégée, prévient M. Wassill.
Bien que la Türkiye, à l’instar de toutes les économies émergentes, accueille les entreprises étrangères à bras ouverts, comme le précise M. Ward, « toute entreprise canadienne qui souhaite réellement y faire des affaires devrait retenir les services d’un représentant local qui connaît le marché et qui comprend les rouages du système ». Par ailleurs, il est tout aussi important d’afficher un engagement personnel direct, souligne-t-il. « Vous devez vous rendre vous-même sur les lieux pour y faire des affaires, et vous devez aussi y retourner. Familiarisez-vous avec la culture du pays, apprenez à connaître vos homologues. »
M. Sezerman soutient que les relations peuvent même se révéler plus importantes que la qualité des produits lorsque l’on fait des affaires en Türkiye. « Vous devez avoir des antécédents, vous devez connaître les bonnes personnes et vous devez vous lier d’amitié avec elles pour qu’elles songent à acheter vos produits, ajoute-t-il. En l’absence d’un lien de confiance, vous risquez de perdre de l’argent et d’éprouver des difficultés de paiement, étant donné que les ventes doivent être garanties en Türkiye. Si le client vous respecte, il vous fera davantage confiance. »
Selon M. Sezerman, le Service des délégués commerciaux (SDC) peut s’avérer utile pour trouver d’éventuels partenaires en Türkiye et pour organiser des rencontres avec eux. Le SDC ne ménage aucun effort pour venir en aide aux entreprises canadiennes qui s’y trouvent, poursuit-il, et sa présence élargie dans la région est utile pour promouvoir les produits et les services canadiens au fur et à mesure que l’économie se développe.
« Les délégués commerciaux vous écoutent, ajoute-t-il. Ils comprennent la culture et la population du pays, ainsi que les pratiques commerciales qui y ont cours. C’est extrêmement important. »
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