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Accélérateur technologique canadien

Une entreprise trouve sa voix dans le monde

Le succès de l’entreprise de David Ciccarelli repose sur des voix, 125 000 pour être plus précis, provenant de partout dans le monde et s’exprimant dans plus d’une centaine de langues.

Sa société, Voices.com, établie à London, en Ontario, est un marché de recherche d’emplois en ligne qui met en relation une communauté virtuelle d’acteurs professionnels spécialisés en voix hors champ avec des entreprises concevant différents produits de médias numériques. Il s’agit notamment de vidéos d’entreprise et de balados, ainsi que de publicités diffusées sur les ondes de la télévision ou de la radio.

Le Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada aide présentement l’entreprise à étendre ses activités à l’échelle internationale. Avec le soutien du SDC et de son Accélérateur technologique canadien (ATC), Voices.com espère élargir son rayonnement sur le lucratif marché des voix hors champ, une composante de l’industrie des services langagiers, évaluée à 26 milliards de dollars.

« Voices.com joue un rôle de soutien important dans toutes les formes de contenu des médias numériques », explique M. Ciccarelli, président-directeur général qui a cofondé la société avec son épouse Stephanie, directrice du marketing. « Il peut aussi bien s’agir de la voix dans l’avion ou dans l’ascenseur, de mon GPS qui me parle ou de l’iPhone intarissable. »

M. Ciccarelli, un ingénieur du son, a rencontré Stéphanie, chanteuse, à London en 2003, alors qu’il venait d’ouvrir un petit studio d’enregistrement. Conscients tous deux du potentiel de croissance du marché des voix hors champ, ils ont créé en 2005, sur le coin de leur table de cuisine, une société d’abord baptisée Interactive Voices, pour laquelle ils ont conçu un site Web « primitif » qui servait de répertoire de voix.

Rebaptisée par la suite Voices.com, leur entreprise est devenue une société privée florissante qui emploie aujourd’hui 85 personnes et dont les prévisions de chiffre d’affaires pour 2015 se chiffrent à 15 millions de dollars. Sa plateforme Web de « correspondance de voix » est fréquentée par 250 000 clients, dont la moitié sont des acteurs qui proposent leur voix, et l’autre moitié des entreprises clientes qui embauchent des acteurs et paient des redevances à Voices.com. « C’est un genre d’Airbnb pour voix, explique M. Ciccarelli. Les acheteurs et les vendeurs sont mis en correspondance au moyen d’un algorithme spécial; les projets peuvent être réalisés en tout juste 24 à 48 heures, ce qui permet d’accélérer la production et de réaliser des économies sur les honoraires versés aux agents. »

« Nos entreprises clientes viennent de tous les horizons de l’entrepreneuriat, depuis les PME jusqu’aux sociétés du palmarès Fortune 500 », ajoute‑t‑il. On compte parmi elles AT&T, Google, Microsoft, Cisco, Kaiser Permanente, ABC, ESPN, PBS, The History Channel, le Discovery Channel, Reader’s Digest, Comcast du gouvernement américain, Bell Canada, Western Union, Ford, GM et Jaguar.

Devenue un acteur important sur la scène canadienne des médias numériques, la société tire la quasi-majorité de ses recettes de l’étranger. En effet, environ 80 p. 100 de son marché se trouve aux États‑Unis, note M. Ciccarelli. L’intention d’étendre Voices.com à l’échelle internationale, d’accroître sa clientèle et éventuellement d’accepter des investisseurs a d’ailleurs amené l’entreprise à s’intéresser à l’ATC, d’abord dans la Silicon Valley, en Californie, puis dernièrement à New York.

Géré par le SDC et soutenu par la Banque de développement du Canada et d’autres groupes, l’ATC fournit aux entreprises canadiennes du soutien et l’accès aux marchés mondiaux et à des services entrepreneuriaux, explique Dina Santos, déléguée commerciale à Palo Alto. L’équipe du SDC dans cette ville gère deux accélérateurs des TIC : le premier, établi au Plug and Play Tech Center à Sunnyvale, est axé sur le matériel, les télécommunications, les solutions sans fil/mobiles et les voitures électriques; l’autre, établi au RocketSpace à San Francisco, se concentre sur les logiciels, les médias sociaux et et les jeux numériques.

« L’ATC est une initiative qui permet aux entreprises de s’insérer dans un écosystème de classe mondiale unique, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs », ajoute Mme Santos.

Voices.com a été choisie en 2012 pour participer à 48 heures dans la Vallée, un programme semestriel hautement sélectif organisé par le consulat en collaboration avec l’organisme C100. Certaines des nouvelles entreprises canadiennes parmi les plus prometteuses sont invitées à se rendre dans la Silicon Valley pour deux jours de mentorat, d’ateliers, de rencontres avec des investisseurs, de visites chez des partenaires stratégiques et de réseautage.

« La société a ensuite été retenue en 2013 pour participer au programme de cinq mois de l’ATC@SFtech à RocketSpace, confie Mme Santos, dans le but de s’associer avec d’autres sociétés du secteur des médias numériques, de poursuivre la discussion avec les sociétés de capital-risque rencontrées grâce au programme 48 heures et d’étudier la possibilité d’ouvrir un bureau à San Francisco. »

Selon Mme Santos, les deux événements « ont donné à l’entreprise un accès au précieux écosystème dans lequel s’inscrit la Silicon Valley. Ces programmes offrent de véritables occasions d’affaires aux participants, qui racontent avoir établi de précieuses relations et trouvé des pistes sérieuses pour créer des partenariats et obtenir du financement, en plus d’avoir rencontré clients et mentors. »

« Le programme ACT@SFtech a fourni à Voices.com le tremplin nécessaire pour nouer des liens avec des intervenants clés, et pour solliciter et attirer de nouveaux clients dans la région de San Francisco, se rappelle M. Ciccarelli. Nous y avons rencontré de gros joueurs dont Adobe, Umano et Microsoft, qui font partie du volet d’expansion de l’entreprise de RocketSpace. »

« Voices.com a établi ainsi de précieuses relations, ajoute‑t‑il. Si vous êtes une jeune entreprise qui commence à se faire remarquer, tout le monde veut vous connaître et vous aider, ce qui confirme le principe sur lequel repose l’ATC. »

Selon M. Ciccarelli, l’utilité du programme « tient au fait que vous vous retrouvez dans la même ville, le même bâtiment ou le même bureau que des partenaires éventuels. Vous êtes constamment en train d’engager des conversations. Les gens étaient très généreux, et même si vous n’étiez pas le candidat recherché, ils n’hésitaient pas à vous recommander auprès d’une autre entreprise. »

À New York, principal marché de la Voices.com sur le plan des clients et partenaires éventuels, l’ACT de la technologie numérique a offert gratuitement à la société un « espace partagé de travail » à Times Square, dans un milieu collaboratif. « Cet espace était en quelque sorte un pied-à-terre, raconte M. Ciccarelli. C’était aussi une adresse facile à reconnaître et un endroit où recevoir nos clients éventuels, ce qui nous évitait d’avoir à organiser des rencontres dans des cafés, des bars ou des restaurants. »

Ce programme de cinq mois est fortement axé sur le développement des affaires, les ventes et le marketing. Par exemple, un conseiller en communication a donné de la formation aux participants sur l’importance de maintenir un contact visuel et de recourir au langage corporel. « Tous les participants ont grandement amélioré leurs compétences en présentation au cours de cette séance, dit‑il, ce qui s’est avéré fort utile, car ils ont eu à faire leur présentation sitôt après lors d’une visite au Time Warner Media Lab. »

M. Ciccarelli affirme que l’ATC à New York a aidé Voices.com à cibler le secteur des médias et du divertissement. La barrière de la langue est l’un des grands enjeux de l’entreprise, alors qu’elle tente de séduire davantage de clients à l’échelle internationale. Jusqu’à maintenant, sa plateforme Web a été traduite en espagnol, et il est prévu d’ajouter d’autres langues.

La société a connu une croissance « organique » en contractant une dette modeste, mais M. et Mme Ciccarelli n’ont pas encore voulu recourir à des investisseurs de capital-risque, ce dilemme classique qui confronte bon nombre de fondateurs de PME. « L’ajout d’investisseurs peut entraîner une perte de contrôle, dit‑il. Vous avez le choix entre devenir riche ou être roi. »

« L’appui du SDC et la participation de Voices.com à l’ATC se sont avérés de précieux atouts pour notre entreprise virtuelle, note‑t‑il. En nous ouvrant des portes, le Service des délégués commerciaux du Canada a renforcé la crédibilité de notre entreprise. »

M. Ciccarelli mentionne qu’un grand nombre d’entrepreneurs pourraient se laisser distraire par les nombreuses occasions et possibilités qui s’offrent à eux tout au long de leur croissance. « Voices.com est encore une petite entreprise dans un marché relativement inconnu, ce qui signifie qu’elle doit aussi informer ses interlocuteurs et rester concentrée sur son objectif d’être le meilleur site au monde où trouver des voix », poursuit‑il.

Mme Santos souligne qu’il est important que ces entreprises soient exposées aux pôles technologiques mondiaux afin de jauger leur technologie à l’aune des normes mondiales, de bénéficier de l’aide de mentors, de s’adjoindre des clients et des partenaires stratégiques, et de trouver des capitaux. « Nous constatons un accroissement des flux de capital‑risque au Canada, et l’ATC est un élément de notre programme qui permet de veiller à ce que les petites entreprises canadiennes puissent aussi en profiter. »

Elle affirme que, même si des entreprises comme Voices.com n’obtiendront pas nécessairement des résultats à court terme après leur participation à l’ATC, elles accélèreront leur expansion grâce aux ressources acquises dans des endroits comme la Silicon Valley. « Les entrepreneurs reviennent au Canada en ayant acquis une meilleure compréhension du fonctionnement de la Silicon Valley et ils transmettent cette compréhension à leur équipe et à d’autres. »

À l’instar des sociétés participant à l’ATC qui ont connu le plus grand succès, Voices.com s’était fixée des objectifs réalistes et ciblés pour sa participation au programme « et elle a déployé les efforts nécessaires pour réussir sans aide », de préciser Mme Santos. La société possédait une compréhension approfondie de la valeur du marché californien, et reconnaissait l’importance d’une présence soutenue dans la Silicon Valley lorsqu’il a été question de financement, de partenariat et de recherche de clients.

L’accès est certes essentiel, mais il reste qu’il peut être difficile, voire impossible, de nouer des relations avec certaines des grandes entreprises technologiques mondiales. Un bon produit ne garantit pas toujours des résultats, ajoute Mme Santos. « Une bonne équipe, de la persévérance et la capacité de la société à reconnaître ses faiblesses et à réagir en cas d’échec sont tous des traits clés souvent considérés comme indispensables par ceux qui ont réussi dans ce milieu. »

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